Retour sur l’échec du congé de proche aidant (AJPA)
En cette Journée Nationale Des Aidants, je souhaite revenir dans ce billet, avec beaucoup de déception, sur l’échec totale d’une mesure annoncée il y a 3 ans et en vigueur depuis septembre 2020 : le congé de proche aidant (AJPA). Le bilan est inversement proportionnel au battage médiatique qui avait alors été fait au moment du lancement de la stratégie nationale aidants en 2019.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur 8 à 11 millions d’aidants en France, seulement 337.000 salariés du public et du privé sont éligibles à l’AJPA (estimation 2020). Ensuite, de septembre 2020 à février 2022, ce sont tout juste 18.897 demandes qui ont été faite et 6.626 qui ont pu en bénéficier.
Les raisons de ce cuisant échec étaient pourtant soulignées par nombreux acteurs dès le lancement du dispositif :
– Il est bien trop restrictif car ne concernant uniquement que les salariés. Cela exclut donc de facto les enfants retraités s’occupant d’un parent dépendant, ce qui correspond pourtant à une part non-négligeable des proches aidants dans notre pays.
– Il ne cible qu’une très faible partie des personnes connaissant une perte d’autonomie et qui ont besoin d’aides. En effet, il faut un handicap reconnu à 80% pour intégrer l’ AJPA
– Il propose une indemnité rabougrie avec 52€/jour, soit une somme qui est inférieure au SMIC journalier.
– Il est valable sur une durée bien trop limitée, puisque c’est au maximum 3 mois sur toute la carrière qui sont disponibles pour nos concitoyens dans le dispositif de l’AJPA.
Enfin, en l’absence totale de campagne de communication concernant ce nouveau droit, il n’est pas surprenant de constater que le congé proche aidant soit presque totalement inconnu aux français et françaises.
Bref, voici un exemple typique de ce qu’il ne faut pas faire : développer une idée louable mais avec des moyens bridés.