Atelier législatif sur l’école de la République
Alors que l’ambition du Gouvernement concernant l’école de la République est toujours introuvable, ce jeudi 2 février à Chilly-Mazarin, j’ai organisé mon premier atelier législatif sur ce sujet qui me tient à coeur.
Ce moment d’échanges avec les citoyens a commencé par la prise de parole de mon amie Rafika Rezgui, la maire de Chilly-Mazarin. Rafika fait partie de ses élus qui ont la République chevillée au corps. Elle nous a partagé son action au service des chiroquois et notamment son implication pour que les enfants de sa commune puissent aller à l’école à Chilly-Mazarin, ce qui n’était pas gagné lorsqu’elle est arrivée à la tête de la commune en 2020.
Le débat a commencé à proprement parler par le sujet de l’organisation de l’éducation nationale, notamment des moyens humains et des modes de recrutement. Le constat est unanime chez les professeurs et les parents d’élèves : la multiplication des job dating adossés à quatre jours de formation pour recruter des enseignants produit une fuite en avant vers une éducation nationale au rabais. Un chiffre confirme la défaillance de ce mode de recrutement : 50% des contractuels choisis par job dating partent dans les 6 premiers mois. On colmate une brèche béante avec des solutions qui ne répondent pas aux besoins structurels de notre système éducatif.
Une directrice d’école de Chilly-Mazarin, puis les parents d’élèves présents, nous ont ensuite remonté les difficultés qu’ils rencontraient au quotidien. De manière unanime, ils constatent que l’école est touchée par un manque de personnel qui s’explique notamment par une crise des vocations et une faible attractivité des carrières. Le problème du recrutement touche en particulier les personnels dédiés aux enfants en difficultés des dispositifs comme Erased ou la PMI. Cette pénurie fragilise la capacité de l’institution scolaire de venir aux élèves en difficulté. Mais ce ne sont pas les seuls métiers en tension dans l’Education nationale. Le manque d’AESH ou d’ATSEM est aussi particulièrement important. Des changements sont nécessaires pour améliorer l’attractivité de ces métiers essentiels. Le débat a ensuite continué sur répartition des assistants d’éducation qui est aujourd’hui très inégalitaire et dépend encore trop de négociation entre l’État et les communes.
Enfin, nous sommes arrivés à la fin de notre réunion avec la conclusion de Marion Bet, philosophe et membre de la revue Germinal. Elle a abordé les enjeux de la lutte contre la reproduction sociale. Notre école souffre d’une corrélation qui bat en brèche la promesse républicaine : plus un élève vient d’une famille modeste, plus il a de chance d’avoir un niveau scolaire faible. Marion Bret nous a partagé la vision engagée de la Revue Germinal : l’école socialiste doit être une école avant tout émancipatrice. Tous les enfants de la République doivent pouvoir disposer des mêmes chances de réussir au sein de notre système éducatif, peu importe son origine sociale. Riches ou pauvres, enfants d’ouvriers ou de cadres, l’école doit être le lieu d’émancipation de toute la jeunesse de notre pays. Une grande réflexion doit donc être faite pour repenser l’entièreté de nos politiques publiques en matière d’éducation : conditions de travail et de rémunération du corps enseignant, évolution des programmes scolaires, allongement de la durée de présence à l’école pour réduire les inégalités sociales. Voici de nombreux débats fort intéressants que nous devons avoir dans les années à venir pour donner un nouveau souffle à notre école de la République. Transformer notre école, c’est un moyen concret de transformer durablement notre société afin qu’elle soit plus juste, inclusive et égalitaire.
De ces beaux débats, je retiens trois pistes principales de travail. La première est de penser des ratios d’encadrement fins pour tous les personnels de l’éducation nationale. La deuxième est la réalisation de la promesse de l’école inclusive. La troisième, plus large, porte sur le sens de l’école, tant sur l’attractivité des métiers éducatifs que concernant les conditions d’étude des élèves, et notamment la lutte contre le harcèlement scolaire.